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INTERVIEWS

INTERVIEW AVEC PHILIPPE CORMIER, RÉALISATEUR DE "DISTURBED HEART"

Award Winner - Édition Septembre 2021

. Best Narrative Feature Film

. Best Drama Film

. Best First Time Filmmaker Feature




INTERVIEW



Bonjour Philippe Cormier, merci pour ce film fort et émouvant. Depuis quand vous êtes-vous emparé de la caméra, d'où vient votre désir de faire des films?


J’ai toujours su que je voulais faire du cinéma. Dès mon plus jeune âge, je me demandais comment étaient faites les productions. À 10 ans, j’ai découvert la série Lost de J.J Abrahams et j’ai développé un intérêt grandissant pour l’envers du décor, notamment en regardant les “behind the scenes” (images en coulisses, NdlT).


Cette série m’a fait vivre toutes sortes d’émotions et j’ai compris que je pouvais faire la même chose, avec des histoires que je pouvais créer. J’ai donc commencé en réalisant des court-métrages amateur durant mon enfance, puis j’ai continué à en faire à l’adolescence en développant mon identité artistique, jusqu’à ce que la vie me mène à mon premier long-métrage, LORSQUE LE CŒUR DÉRANGE, qui est également mon premier projet professionnel. Tout ça est arrivé très vite et un peu par hasard !





Vous traitez plusieurs sujets difficiles en une seule histoire: la vie après la mort, le suicide, la psychiatrie entre autres. Comment vous est venue l'idée du scénario?


Si j’avais pu faire autre chose dans la vie, j’aurais été psychiatre. La santé mentale et le cerveau humain m’ont toujours beaucoup interpellé.


J’ai entendu, il y a plusieurs années, l’histoire d’un homme qui, après avoir été réanimé à l’hôpital, disait avoir connu la vie après la mort. Je me suis inspiré de ce phénomène, autour duquel j’ai construit une histoire, avec un personnage troublé, une famille éclatée et un univers ancré dans le désespoir. J’ai voulu traiter de sujets difficiles à travers l’histoire d’une femme incomprise, elle-même en questionnement sur sa propre identité suite à des événements particuliers qu’elle vivra, entourée de gens sceptiques et parfois mal intentionnés.




Comment avez-vous travaillé la double histoire de Bénédicte sur le tournage? Avec votre actrice tout d'abord, comment l'avez-vous dirigée? Et avec vos équipes, avez-vous tourné avec une équipe pour "une vie" et une autre pour "l'autre vie"? Comment vous êtes-vous organisé sur le plan du découpage par exemple, mais aussi du jeu des acteurs et de leurs interactions?


La double histoire de Bénédicte a été l’enjeu principal de la production. Nous avons tout séparé en deux parties. Rebecca Gibian (Bénédicte) et moi devions être solides et développer une connexion particulière pour arriver à séparer la personnalité du personnage en deux univers distincts.


Premièrement, nous n’avions qu’une seule équipe technique pour tout le film, afin d’être certain que tout le monde saisisse bien l’essence des deux univers et y soit investi. Rebecca et moi avons beaucoup travaillé ensemble pour trouver les intentions de Bénédicte, puisque le film a été tourné dans le désordre.


Un jour, on tournait des scènes de l’univers imaginaire et le lendemain, des scènes de l’univers réel. Parfois, les deux mondes se chevauchaient dans la même journée. Ç’a été très difficile de démêler tout ça, heureusement nous avons eu le luxe d’avoir de pouvoir répéter durant les deux mois qui ont précédé le tournage, pendant l’été 2020.


Par exemple, nous avons tourné la scène du mariage et la scène où Bénédicte a une crise devant la réceptionniste d’une firme d’avocats le même jour. Au niveau de l’esthétique, dans son imaginaire la caméra est plutôt vaporeuse et les couleurs sont plus vives et plus chaudes, pour rappeler un monde chaleureux.


C’est ce qui nous aidait à distinguer dans quel monde Bénédicte se trouvait. Les comédiens de l’imaginaire, notamment Astrid (Anne-Marie Falcon) et Jean-François (Emmanuel Auger) ont dû s’imprégner d’une énergie positive et dynamique, voire utopique, alors que les comédiens du réel, notamment Marjorie (Fanny Rainville) et Marc (Karl Farah) ont, eux, travaillé une énergie plus posée, terre à terre.





Quelle est la situation de la jeunesse au Québec ces temps-ci ? En France, le choc de la pandémie et ses conséquences sur la vie quotidienne des jeunes gens suscitent une énorme vague de dépression et un nombre inquiétant de suicides, ou de tentatives. Même chez de très jeunes enfants. Qu'en est-il chez vous ?


Ç’a a été très difficile au Québec en début de pandémie. Un peu comme le reste du monde, on ne pouvait plus voir nos familles et nos amis. Pour ma part, j’avais 19 ans lorsque la pandémie est arrivée au Québec et l’état d’urgence sanitaire a été déclaré en mars 2020.


Ç’a a été assez difficile au début, mais nous avons trouvé des alternatives pour retourner vers une vie normale. Selon les statistiques d'ici, presque la moitié de la jeunesse s’est sentie anxieuse ou dépressive, d'autres ont subi des impacts négatifs sur leurs finances. Avec l’allègement des mesures, les choses vont mieux et nous retrouvons une liberté, alors que les tournages ont repris et sont plus faciles à mettre en œuvre.





Et pour parler de pandémie encore un peu, quel impact a-t-elle eu sur votre tournage, ses conditions, son organisation etc.?


Le tournage s’est déroulé en octobre 2020, lorsque la pandémie était à son comble. Les règles de santé publique étaient strictes. Les comédiens devaient rester à distance les uns des autres, mais certaines règles leur permettaient de s’approcher chaque jour, pendant un temps donné.


Ç’a a donc été très difficile à gérer, il fallait réussir à rendre les relations entre les personnages crédibles alors que les comédiens devaient être distancés. Pour moi, le travail d’un comédien se définit beaucoup par le contact et la connexion, alors que dans ce cas-ci, je devais composer avec des comédiens qui ne pouvaient pas vraiment se toucher.


Quant à l’organisation, elle a été plus difficile, mais le nouveau poste de « responsable sanitaire » a été très utile lors du tournage et nous avons réussi à simuler des contacts et de l’intimité autrement.





Avez-vous des cinéastes préférés, dont vous vous réclamez ou qui influenceront toujours votre vision du cinéma?


Absolument ! Mon esthétique est principalement inspirée des films d’auteurs américains. Mon influence principale pour ce film a été Mother! de Darren Aronofsky avec Jennifer Lawrence et Javier Bardem, mais plusieurs autres cinéastes m’inspirent et influencent mon cinéma, notamment Carlo Mirabella-Davis avec Swallow, ainsi que Quentin Tarantino, Lars Von Trier, Steven Soderbergh, Marc Caro et Jean-Pierre Jeunet, et des cinéastes québécois comme Monia Chokri et Xavier Dolan.


Voulez-vous nous dire quelques mots sur vos projets à venir ?


Mon deuxième long-métrage, LE PURGATOIRE DES INTIMES, est actuellement en postproduction. Il traite notamment de choc post-traumatique et de solitude chez un homme de 55 ans, interprété par Normand D’Amour. J’ai également un troisième film en scénarisation et d’autres projets à venir.




BIO


PHILIPPE CORMIER

RÉALISATEUR, PRODUCTEUR & SCÉNARISTE




PHILIPPE CORMIER - BIO



Philippe Cormier, né le 31 mai 2000, est un scénariste et réalisateur québécois. Après des études en cinéma, il se lance dans la production de son premier long-métrage, LORSQUE LE CŒUR DÉRANGE (“Disturbed Heart”), entièrement autofinancé.


Suite à l’engouement médiatique autour du film au Québec et à sa première médiatique au Cinéma Impérial de Montréal, Philippe signe son deuxième film, LE PURGATOIRE DES INTIMES (“Purgatory”), actuellement en postproduction. Après avoir écrit et réalisé deux long-métrages en moins d’un an, le réalisateur se concentre sur la scénarisation d’un troisième film.





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Philippe Cormier



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